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L'Histoire de l'Ecole polytechnique

Chapitre I : À l’aube de polytechnique

Création de l’École polytechnique de Bruxelles

Fondée en 1873, l'École polytechnique de l'Université Libre de Bruxelles doit "contribuer à fournir à l'industrie belge des hommes qui fussent à la hauteur des progrès de la Science". L'Université, sensible aux développements qu'ont pris à l'étranger les instituts polytechniques (notamment la Technische Schule de Charlottenburg et l'École Polytechnique Fédérale de Zürich) et consciente de la pénurie d'ingénieur·es dans un pays dont l'industrie connait une expansion inouïe, décide de créer cette École, qui est, selon les mots de l'ancien Recteur N.C. Schmit, en 1873, le "digne pendant de la Faculté de Médecine et mettra, à côté des applications des sciences de la vie humaine, leurs applications aux arts et à l'industrie".

1895 : Expédition polytechnicienne en Antarctique

La Belgica navigue plusieurs jours dans la baie afin d’achever ses relevés et le 27 janvier, elle pénètre dans ce nouveau détroit, comme nous le rapporte Adrien de Gerlache :
Nous n’avons pas assez d’yeux pour contempler ces hautes falaises qui plongent dans la mer, ces baies où dévalent des glaciers, ces aiguilles qui pointent dans le ciel. Tout cela est sauvage, stérile, dénudé : ce sont pourtant nos richesses, puisque ce sont nos découvertes. […] Le panorama qui se déroule sous nos regards, et que nul autre regard n’a jamais contemplé, est d’une grandeur farouche. […] Il ne manque aux nouvelles terres de la « Belgica » que des volcans pour que notre bonheur soit complet.”
Au total, les scientifiques mettent vingt fois le pied à terre et donnent des noms aux îles, aux baies et aux montagnes qu’ils découvrent, s’inspirant des lieux et des personnes de leur pays d’origine.

Les pionnières

Marguerite Massart entre à l’Ecole polytechnique de Bruxelles en 1918. Elle y réalise quatre ans d’études, puis rejoint pour sa dernière année l’Ecole Montefiore-Levi à Liège. En 1923, elle devient la première femme à obtenir un diplôme d’ingénieure en Belgique, dans la section des Mines. Elle exercera son premier emploi à l’Office des Brevets tout en restant pleinement engagée vis-à-vis de l’EPB, puisqu’elle devient Secrétaire générale de l’A.Ir.Br en 1925.
Marguerite Massart fondera et dirigera ensuite avec succès sa propre entreprise, la Fonderie Cupro : une fonderie de métaux non-ferreux. Retraitée au Cap-Vert, elle y installera encore une petite usine de désalinisation sur l’île de Sal. Elle décède à Gand en 1979.

Son parcours témoigne du courage et de la détermination nécessaires pour briser les barrières de genre dans un domaine très majoritairement masculin.

Sept ans plus tard, selon le « Grand Livre » qui recense les diplômes obtenus par nos étudiant·es, Anne-Marie Schmidt réussit le 28 juillet 1925 l’épreuve d’admission. Elle s’oriente pour sa première année d’études vers une « candidature en sciences physiques et mathématiques », qu’elle réussit, puis poursuit en ingénierie. Au terme de cinq ans d’études, elle obtient le diplôme d’ingénieur·e civil mécanicien·ne et électricien·ne le 25 juillet 1930. Ce parcours lui permet de revendiquer le titre de première femme diplômée ingénieure de l’EPB !

Marguerite Massart et Anne-Marie Schmidt sont, par leurs parcours, des figures emblématiques dans l'histoire de l'ingénierie à Bruxelles.

Malheureusement, en raison des préjugés de l'époque et du manque d'opportunités pour les femmes dans les métiers d'ingénieur·e, les informations sur leur vie et leurs réalisations restent limitées.

Leurs accomplissements symbolisent la lutte des femmes pour l'égalité professionnelle. En intégrant l’École Polytechnique, elles ont ouvert la voie à une nouvelle ère où les femmes peuvent pleinement participer et exceller dans les domaines techniques et scientifiques.

Leur exploit invite les générations futures à poursuivre leurs aspirations, tout en brisant les stéréotypes de genre qui persistent dans la société.

1922 : Ingénierie en lumière

En 1922, le vaillant Auguste Piccard, jonglant entre physicien, aéronaute, océanaute et professeur de physique à l’École polytechnique de Bruxelles, décide de défier les cieux en faisant ses premiers tours de piste stratosphériques à bord d'un ballon libre, le 18 août.

En 1943, le légendaire professeur Tournesol fait son entrée en scène dans "Le trésor de Rackham Le Rouge", dévoilant à Tintin un fabuleux sous-marin de sa propre création, prêt à dompter les abysses océaniques.

Saviez-vous que ce brillant inventeur, aussi génial que malentendant, trouve ses racines dans la réalité ?

Hergé s'en est inspiré pour donner vie à son génial professeur. Un homme dont les exploits ont marqué à jamais l'imaginaire collectif.

Chapitre II : Destins d’exception

Quand les livres se taisent

Bruxelles met en pause son enseignement en novembre 1941, suite à l'hostilité affichée par les Allemands qui occupent la Maison du libre examen. Malgré son caractère indépendant, l'Université de Bruxelles n’est pas un pion politique. Les nazis accusent à tort l'université, allant à l'encontre même de l'esprit de libre examen qui prône la liberté et la démocratie. Pendant près de trois ans, l'université reste fermée, ses locaux occupés par l'armée allemande. Les professeur·es, sans salaires, survivent grâce à l'aide discrète de quelques ami·es de l'université. Les étudiant·es se sont inscrit·es dans d'autres universités belges, bénéficiant d'un accueil chaleureux malgré les circonstances.

À cette époque même, les murs de la connaissance sont victimes des aléas de la guerre, mais l'esprit académique perdure, défiant l'idéologie hitlérienne avec toute la subtilité bruxelloise.

Au milieu des ruines et des bouleversements, la soif de connaissance ne s'éteint pas.

Les passionné·es se réunissent clandestinement, bravant les restrictions et les dangers, pour continuer à s'éduquer. Dans des caves sombres et des appartements modestes, des leçons improvisées et des discussions animées remplacent les salles de classe désertées. Livres interdits et savoirs censurés circulent en secret, alimentant le désir ardent de comprendre et de résister à l'obscurantisme de l'époque.

Cette résilience témoigne de la force indomptable de la volonté humaine face à l'adversité, rappelant que même au plus sombre des temps, la lumière de la connaissance brille toujours, nourrissant l'esprit et éclairant le chemin vers un avenir meilleur.

Le Groupe Général de sabotage

Jean burgers - 1917-1944

Diplômé ingénieur civil et mécanicien électricien à l'Université libre de Bruxelles en 1940, il est un héros de la résistance belge durant la Seconde Guerre mondiale, commandant national du Groupe G. En tant que polytechnicien, il a des compétences techniques et une compréhension avancée des sciences, ce qui lui permet de jouer un rôle essentiel dans la résistance belge. Il est impliqué dans des activités de sabotage, de renseignement et de coordination des actions de la résistance contre l'occupation allemande en Belgique.

La grande coupure

Sous la direction de l'ingénieur bruxellois Jean Burgers, le Groupe G lance une vaste campagne d'action visant à perturber l'ennemi Allemand. En ciblant les voies de communication ferroviaires et fluviales ainsi que l'approvisionnement énergétique, les sabotages touchent principalement le Hainaut, le Brabant wallon et la province de Liège.
La mise hors service simultanée de 28 pylônes à haute tension en janvier 1944 constitue l'une des plus grandes réussites du mouvement, privant de précieuses heures de travail un grand nombre d’entreprises en Belgique et dans le bassin rhénan.

Le Service Hotton

Automne 1940...

Le Comité de surveillance de l'ULB est fondé, regroupant une dizaine de membres, principalement des intellectuels et des techniciens liés à l'ULB.

Les fondateurs incluent Roger Bayez, Georges Papy, Michel Capelle, Marcel et Renaud Franckson, Alex Leruth, Marcel Nélis, Jean Poorterman, Georges Van Straeten et Norbert Coulange. Ils décident de limiter le groupe à ces dix membres, auquel s'ajoute Marcel Franckson, le père de deux des fondateurs.
Les premières actions du comité se concentrent sur la propagande, notamment avec la création d'un journal clandestin éphémère intitulé "Ça ira, les nazis à la lanterne".

Chapitre III : éclat d’innovations

André Jaumotte - 1919-2016

Après avoir complété sa deuxième candidature en ingénierie civile, il décide, à la rentrée 1941, de se spécialiser dans la section mécanique et électricité.

En 1943, André Jaumotte obtient le diplôme d’ingénieur civil mécanicien et électricien avec Grande Distinction auprès du Jury Central. Il consacre son enseignement à la question des turbomachine

Parmi ses nombreux thèmes de recherche, citons : le décollement tournant dans les machines axiales, la déformation et les vibrations des aubages et turbines, les questions relatives au niveau sonore dans le fonctionnement des turbomachines ou encore les questions liées à la circulation du modérateur dans les réacteurs nucléaires.

Ces diverses recherches reconnues par le monde scientifique international lui apportent de nombreuses nominations dans des associations internationales.

La présidence d’André Jaumotte est marquée de jalons pour l‘histoire de l’ULB parmi lesquels : la séparation de l’université en deux entités linguistiques, avec la naissance de la VUB, la création du campus de la Plaine, la construction de l’hôpital Erasme et les premières implantations de l’Université en Wallonie.

Génie civil

L’institut des constructions civiles - 1949

En 1949 est créé l’Institut des constructions Civiles pour coordonner les enseignements, développer les laboratoires et profiter du soutien de l'A.Ir.Br pour l'édification d'un nouveau bâtiment : le bâtiment C.

Son établissement vise à répondre aux besoins croissants en matière de compétences techniques et de savoir-faire dans le secteur des constructions civiles, notamment dans le contexte de la reconstruction d'après-guerre.

Cet institut s'est engagé à former une nouvelle génération d'ingénieur·es et de professionnel·les qualifié·es, doté·es des connaissances et des compétences nécessaires pour concevoir, construire et gérer des infrastructures et des bâtiments répondant aux normes de qualité et de durabilité émergentes.

André paduart - 1914-1995

Ayant obtenu son diplôme d'ingénieur civil en constructions à l'ULB en 1936, suivi de l'agrégation de l'enseignement supérieur de la même université en 1946, il assure les cours sur la "Stabilité des constructions" et les "Constructions en béton".

En parallèle de son activité d'enseignement, il se lance dans une importante carrière d'ingénieur conseil. En 1957, il fonde le bureau d'études SETESCO et devient notamment le conseiller technique pour plusieurs édifices de l'Expo 58, parmi lesquels la célèbre et innovante "Flèche du Génie Civil"

A suivre...